Montage théâtral de l'option théâtre 2015




Fin de partie, Samuel Beckett : "Fini, c'est fini,ça va finir, ça va peut-être finir".



Les élèves de l'option théâtre (2nde, 1ère et terminales) du lycée Urfé ont travaillé entre le mois de janvier et fin mars, avec la collaboration et sous la direction de Béatrice Moulin du Trouble théâtre, sur le montage théâtral d'un texte de Matéi Visniec, Paparazzi ou La chronique d'un lever de soleil avorté

 

La présentation des travaux des élèves s'est déroulée jeudi 2 avril (l'après-midi et en soirée) au Théâtre Marie-Hélène Dasté du Lycée E. Mimard à St Etienne.

 

Voici quelques vidéos de travaux préparatoires des élèves-comédiens, et quelques repères sur l'auteur et le texte travaillé.


Matéi Visniec
Matéi Visniec


Né au nord de la Roumanie, le 29 janvier 1956. Dans la Roumanie communiste de Ceausescu, il découvre très vite dans la littérature un espace de liberté. Il se nourrit de Kafka, Dostoïevski, Camus, Beckett, Ionesco, Lautréamont… Il aime les surréalistes, les dadaïstes, les récits fantastiques, le théâtre de l'absurde et du grotesque, la poésie onirique et même le théâtre réaliste anglo-saxon, bref, tout sauf le réalisme socialiste."

(...)


Il est devenu, depuis 1992, l'un des auteurs les plus joués au Festival d'Avignon (off) avec une quarantaine de créations. A Paris ses pièces ont été créées au Théâtre du Rond Point, au Studio des Champs Elysées, au Théâtre de l'Est Parisien, au Ciné13 Théâtre, au Théâtre International de Langue Française, au Théâtre du Guichet Montparnasse, au Théâtre de l'Opprimé…

En Roumanie, depuis la chute du communisme, Matéi Visniec est devenu l'auteur dramatique vivant le plus joué. Le Théâtre National de Bucarest a créé ses pièces "La Machine Tchékhov" et "L'histoire du communisme racontée aux malades mentaux". Il est aussi l'auteur de trois romans édités en Roumanie."

(Extraits pris sur le site officiel de Matéi  Visniec : http://www.visniec.com/theatre.html)




Présentation de la pièce :

(Extraits pris sur le site officiel de Matéi  Visniec : http://www.visniec.com/theatre.html)

 

Nous sommes à l’aube de la fin du monde (de la fin d’un monde ?), à l’aube de la "fin de chacun", qu’il ait été gangster, star de ciné, paparazzo, chercheur, fonctionnaire, musicien, clochard, etc. Les personnages, perdus dans un monde où la pensée n’existe plus, vont glisser petit à petit, au fil des heures, d’une nuit sans fin vers le chaos d’un jour. Peurs, lâchetés, mensonges : paroles vides pour certains, et ceux pour qui la vie prend un sens ne sont pas ceux qu’on croit.



Extraits de la pièce : 

 

PERSONNAGES :


PAPARAZZO 1 
LA VOIX DU CHEF 
L'HOMME A L'ETUI A VIOLONCELLE
L'HOMME A L'ETUI A SAXOPHONE
LA PATRONNE
LA VOIX DE L'AVEUGLE 
LE CLOCHARD AU BALADEUR
L'HOMME A L'ETUI A FLUTE
LA FEMME QUI VEUT PARTIR EN TRAIN
L'HOMME QUI VEUT PARTIR EN TRAIN
LE CAISSIER
PAPARAZZO 2
L'ETRANGER
LA FEMME AUX PIEDS NUS
L'AVEUGLE QUI ZAPPE
L'HOMME ENFERME DANS LE SAC
L'HOMME POUR LEQUEL LA NAISSANCE A ETE UNE CHUTE
LA VIEILLE DAME A LA BOUSSOLE
LE FONCTIONNAIRE DE LA MUNICIPALITE
LE DISTRIBUTEUR DE BOISSONS


 

 

SCENE 2

L'HOMME A L'ETUI A VIOLONCELLE et L'HOMME A L'ETUI A SAXOPHONE, dans une rue déserte. Ils ont l'air un peu égaré.

De temps en temps, dans le lointain, quelqu'un joue de la flûte.

Vers neuf heures du soir. Dans le bar il peut y avoir une horloge.

 

L'HOMME A L'ETUI A VIOLONCELLE - Je ne comprends plus rien.

L'HOMME A L'ETUI A SAXOPHONE - Quoi?
L'HOMME A L'ETUI A VIOLONCELLE - Là, il y avait un croisement.
L'HOMME A L'ETUI A SAXOPHONE - Où ça?
L'HOMME A L'ETUI A VIOLONCELLE - Là, où il y a le chien. 
L'HOMME A L'ETUI A SAXOPHONE - Et alors?
L'HOMME A L'ETUI A VIOLONCELLE - Mais ce n'est pas normal. Là, il y avait trois rues qui se croisaient.
L'HOMME A L'ETUI A SAXOPHONE - Tu es fou.
L'HOMME A L'ETUI A VIOLONCELLE - Mais non, là il y avait un croisement. Et un café au coin.
L'HOMME A L'ETUI A SAXOPHONE - Mais le café, il est toujours là.
L'HOMME A L'ETUI A VIOLONCELLE - Oui, mais il était dans l'angle. Et maintenant il n'y a plus d'angle.
L'HOMME A L'ETUI A SAXOPHONE - Tu te trompes de rue.
L'HOMME A L'ETUI A VIOLONCELLE - Mais non, cette rue je la connais très bien. J'y jouais souvent, chez Mathilde.

Ils entrent dans le café. Au comptoir, LA PATRONNE qui regarde dans le vide. Elle restera tout le temps dans son monde.

L'HOMME A L'ETUI A SAXOPHONE - Bonsoir.
L'HOMME A L'ETUI A VIOLONCELLE - Bonsoir.
LA PATRONNE - Je suis pas là.
L'HOMME A L'ETUI A SAXOPHONE - C'est vous la patronne?
LA PATRONNE (totalement absente) - Quoi?
L'HOMME A L'ETUI A VIOLONCELLE - Il y avait un croisement ici, juste à côté de votre café...
LA PATRONNE - Où?
L'HOMME A L'ETUI A VIOLONCELLE - Là, où il y a le chien. A qui il est, ce chien?
LA PATRONNE - Qui?! 
L'HOMME A L'ETUI A VIOLONCELLE - Vous n'entendez pas ce que je dis? Le croisement, comment ça se fait que le croisement n'est plus là?
LA PATRONNE - Vous voulez du feu?

Echange de regards entre les deux hommes.

L'HOMME A L'ETUI A SAXOPHONE (un peu excédé, à son copain) - Laisse tomber, c'est pas la peine.
L'HOMME A L'ETUI A VIOLONCELLE - Attends, elle m'énerve celle-là. Ecoutez, madame, vous allez me répondre ou merde?
LA PATRONNE - Hein?
L'HOMME A L'ETUI A VIOLONCELLE - A qui il est, ce chien?
LA PATRONNE - Le quoi?
L'HOMME A L'ETUI A VIOLONCELLE - Le chien! Le chien qui traîne à la place du croisement... je veux dire... le croisement, il est où? Il y avait un croisement là où il y a le chien.
LA PATRONNE - Pardon?
L'HOMME A L'ETUI A SAXOPHONE - Madame, vous voyez le chien?
LA PATRONNE - On s'en fout.
L'HOMME A L'ETUI A SAXOPHONE - Bon, qu'est-ce qu'on fait?
L'HOMME A L'ETUI A VIOLONCELLE - Je ne comprends plus rien. Ils sont tous fous! Madame, vous savez qui nous sommes?
LA PATRONNE - On ne sert plus rien aujourd'hui.
L'HOMME A L'ETUI A VIOLONCELLE - Madame, je vais vous avouer une chose. Nous sommes deux assassins!
L'HOMME A L'ETUI A SAXOPHONE (rit bêtement) - Dangereux. 
LA PATRONNE - On ne sert plus rien! 
L'HOMME A L'ETUI A VIOLONCELLE - Madame, écoutez-moi bien. nous sommes deux assassins dangereux. Vous pigez? Nous sommes là... (Il essaie d'attirer ses regards avec sa main.) Regardez ici... Un, deux... Nous sommes deux... Moi je suis le premier...
L'HOMME A L'ETUI A SAXOPHONE - Et moi, je suis le deuxième...
LA PATRONNE - Et le chien?
L'HOMME A L'ETUI A VIOLONCELLE - Le chien... putain, elle ne pige rien...
L'HOMME A L'ETUI A SAXOPHONE - Madame, mon ami et moi, nous sommes deux tueurs à gages, vous comprenez? Vraiment très dangereux. Surtout mon pote. Il est plus dangereux que moi. Moi aussi je suis dangereux mais pas aussi dangereux que mon pote... 
L'HOMME A L'ETUI A VIOLONCELLE - Vous pigez maintenant? Et on cherche un mec qui se balade avec un étui à flûte. 
L'HOMME A L'ETUI A SAXOPHONE - Et qui est lui aussi un tueur...
L'HOMME A L'ETUI A VIOLONCELLE - L'avez-vous vu, peut-être?
L'HOMME A L'ETUI A SAXOPHONE - Il parle tout le temps de sa naissance... Vous pigez? Avez-vous entendu quelqu'un dans le coin qui ne parle que de la façon dont sa mère l'a foutu au monde?
L'HOMME A L'ETUI A VIOLONCELLE - Allez, répondez-nous! 
L'HOMME A L'ETUI A SAXOPHONE - Parce qu'on doit le tuer, ce tueur. 
L'HOMME A L'ETUI A VIOLONCELLE - Il est moins dangereux que nous, mais on va le tuer quand même, ce type.
L'HOMME A L'ETUI A SAXOPHONE - Car nous sommes deux tueurs qui allons tuer un troisième tueur.
L'HOMME A L'ETUI A VIOLONCELLE - Et il devait être là...
L'HOMME A L'ETUI A SAXOPHONE - Au croisement.
L'HOMME A L'ETUI A VIOLONCELLE - Alors écoutez-nous bien et répondez : où est le croisement?
LA PATRONNE - Allez vous faire foutre.
L'HOMME A L'ETUI A SAXOPHONE - Qu'est-ce qu'on fait? On l'assomme?

Le téléphone retentit. LA PATRONNE décroche.

LA PATRONNE - Allô?
LA VOIX - Allô?
LA PATRONNE - Oui?
LA VOIX - Bonsoir.
LA PATRONNE - Bonsoir.
LA VOIX - Merci d'avoir décroché. Vous savez, j'appelle...
LA PATRONNE - Pardon?
LA VOIX - Je disais que j'appelle parce que... Je suis terriblement inquiet. Vous savez, je suis aveugle et... je suis inquiet à cause du soleil...
LA PATRONNE - Allez vous faire foutre!

Elle raccroche et continue à regarder dans le vide.

L'HOMME A L'ETUI A SAXOPHONE - Oh là là, madame, ça ne se fait pas, ça...
L'HOMME A L'ETUI A VIOLONCELLE (à son copain)- Allez, ça suffit. On se barre. Ils sont tous fous.

Noir. On entend une sirène d'alarme. 
(Ou une autre façon de marquer le temps qui passe.)



Mercredi 04/03/2015                                                              Travaux préparatoires de l'option théâtre du lycée Urfé 2015 d'après le texte de Matéi Visniec   :                                                Paparazzi ou La chronique d'un lever de soleil avorté


Extrait vidéo n°1 : scène 1


Extrait vidéo n°2 : scène 2


Extrait vidéo n°3 : scène 10



Quelques sources d'inspirations ...                                                              A destination des élèves -comédiens